jeudi 26 mars 2009

Haïti a perdu 30 % de son réseau routier en 20 ans

Par Dieudonné JOACHIM, Le Nouvelliste du 23 mars 2009
djoachim@lenouvelliste.com

En une vingtaine d'années, Haïti a perdu environ 30 % de son réseau routier. Cette lourde perte imputable à l'absence d'entretien des routes ne peut plus être tolérée, selon le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane) qui regroupe diverses associations de la Société civile à travers le pays. L'organisme inaugure une campagne d'information, de sensibilisation et de plaidoyer pour l'entretien permanent du réseau routier haïtien.
Rien qu'en un peu plus de vingt ans - entre 1986 et 2008 - Haïti, un pays déjà pauvre en infrastructures routières, a perdu 30 % de son maigre réseau routier. Le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane), qui regroupe diverses associations de la Société civile à travers le pays, appelle à l'aide tous les fils de la nation pour stopper ce que les participants appellent une hémorragie. Ce retentissant cri d'alarme a été lancé le vendredi 20 mars, à Port-au-Prince, par des représentants des dix départements d'Haïti, à l'issue d'un séminaire de trois jours inaugurant une campagne d'information, de sensibilisation et de plaidoyer pour l'entretien permanent du réseau routier haïtien.
En 1991, le réseau national était constitué de 4 545 kilomètres de routes carrossables. En 2000, il ne disposait que de 3 572 kilomètres répartis entre routes primaires, secondaires et tertiaires.
Le Conhane, fort de ses membres, représentants de secteurs variés de tous les départements du pays, exhorte les autorités à tout mettre en oeuvre en vue d'affecter une plus grande proportion des taxes prélevées sur les carburants à l'entretien des routes. Ainsi, l'organisme, qui fait figure de confédération des organisations de la Société civile, demande aux responsables de l'Etat de percevoir et de verser toutes les redevances fiscales prévues pour le compte du Fonds d'entretien routier (FER).
Principal concerné dans le débat relatif à l'entretien routier, le directeur général du FER, Revel Mompremier, rappelle à qui veut l'entendre que, suivant les prescrits de la loi du 17 juillet 2003 portant création du FER, cette institution est à caractère financier et, par conséquent, est un bailleur de fonds qui finance les travaux d'entretien. A ce titre, souligne l'ingénieur Mompremier, le FER n'intervient pas directement dans les ouvrages.
« Nous recommandons aux dirigeants de l'Etat de tout faire pour que la construction de nouvelles routes aille toujours de paire avec la réhabilitation et la protection de l'environnement », martèle le coordonateur du séminaire, Edouard Paultre, qui demande l'opérationnalisation du conseil d'administration du FER avec participation active et équilibrée de la Société civile. Le Conhane propose une gestion apparentée à celle d'une banque pour la bonne marche du Fonds d'entretien routier.
« La fermeture sans délai des carrières de sable au Morne-à-cabris, l'interdiction de l'accès aux camions de plus de 15 tonnes en charge » figurent sur la liste des recommandations majeures du Conhane en vue de protéger la route reliant Croix-des-Bouquets à Mirebalais et celle récemment réhabilitées entre Cap-Haïtien et Ouanaminthe.
Comme pour exprimer ses émotions, à maintes reprises, durant ces assises, le coordonnateur du séminaire demande aux représentants des institutions publiques présents de transmettre fidèlement les messages véhiculés aux plus hautes autorités de la hiérarchie de l'Etat, surtout en ce qui a trait à la conception d'une feuille de route de l'entretien routier en Haïti.
Durant le séminaire, les techniciens et animateurs, les représentants du ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC), les représentants du FER, ainsi que les participants ont tous reconnu, dans un communiqué, que la dégradation de l'environnement rend très vulnérables les investissements réalisés dans les infrastructures routières.
A l'instar du ministre des TPTC, Jacques Gabriel, qui a récemment déclaré que son ministère mérite d'être repensé, l'ingénieur Reynold Pauyo, consultant audit ministère (rémunéré par la BID) croit que la structure du ministère des Travaux publics telle qu'énoncé depuis novembre 1983 est un peu dépassée. Pour lui, l'entretien du réseau routier, indispensable pour l'accumulation des richesses, exige des efforts soutenus et permanents.
Des intervenants et des participants proposent un système d'entretien d'usager-payeur. Ce mode de collecte probant en application dans de nombreux autres pays pour l'entretien des routes fait douter bon nombre de personnes en raison de la faiblesse de l'Etat et de la force de la corruption dans les institutions haïtiennes.
L'entretien des routes, un élément essentiel pour la croissance économique et le développement, de l'avis des participants, n'est pas exclusivement l'affaire du MTPTC, du FER, du ministère de l'Economie et des Finances, encore moins des bailleurs de fonds comme la Banque interaméricaine de développement (BID) qui a financé la réalisation du séminaire. Mais tout aussi bien celle de la Police routière, des autorités municipales, de la Société civile, de toute la communauté et de chaque citoyen.
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