mercredi 4 mars 2009

Gonaïves, déjà oubliée !

Par Claude Gilles, Le Nouvelliste, 3 mars 2009
gonaibo73@yahoo.fr


Aux Gonaïves, le Centre national des équipements (CNE) a plié bagage au moment où la ville martyre est de nouveau à l'épreuve des averses. Jacques Gabriel, le ministre des Travaux publics, a pu apaiser la colère du sénateur Youri Latortue, qui exprimait l'angoisse de ce qui reste des 300 000 riverains traumatisés et affligés.
« Le président René Préval a annoncé le 1er janvier dernier que les travaux de nettoyage s'intensifiaient dans les rues des Gonaïves ainsi que dans les rivières limitrophes. Et voilà, le Centre national des équipements (CNE) a plié bagage », se lamente le sénateur Youri Latortue. Lors d'une séance de travail convoquée par la ''Commission Travaux publics'' du Sénat avec le ministre Jacques Gabriel, le chef de file de Latibonit an aksyon - une organisation régionale devenue Ayiti en aksyon -, ennuyé comme la pluie, a exprimé l'angoisse de ses mandants à l'approche de la prochaine saison cyclonique. Déjà, les activités scolaires et commerciales tournaient, lundi, au ralenti aux Gonaïves en raison de la montée des eaux provoquée par des pluies qui se sont abattues pendant une quinzaine de minutes sur la ville.
« La récente montée des eaux inquiète la population traumatisée par les dégâts causés par les meurtriers et dévastateurs cyclones Jeanne et Hanna », a dit le sénateur Latortue. Dans le cadre du programme de fonds d'urgence lancé après le passage des cyclones et ouragans de l'été dernier, a rappelé le parlementaire, quelque 60 millions de dollars de matériel ont été achetés pour renforcer la capacité d'intervention de la compagnie de l'Etat haïtien. « Six mois après le vote par le Parlement d'une loi sur l'état d'urgence, se désole Youri Latortue, les résultats ne sont pas palpables. »
Situation complexe
Anxieux de voir que les efforts de son administration pour débarrasser les Gonaïves des millions de mètres de cube de boue laissés par les intempéries de septembre dernier sont banalisés par les parlementaires, le ministre Jacques Gabriel a annoncé la reprise des travaux avant la fin du mois. Le matériel du CNE, dit-il, a été déplacé afin de réaliser des travaux dans d'autres régions du pays. Les techniciens de cette compagnie d'Etat haïtien seront de nouveaux à pied d'oeuvre pour élargir, entre autres, la rivière La Quinte, qui n'arrive pas à contenir les trombes d'eau. Des drains situés à l'entrée principale de la ville seront aussi remis en état, selon le ministre Jacques Gabriel. Plus de 242 millions de gourdes seront décaissées pour réaliser les travaux nécessaires à l'assainissement et à la protection de la ville contre les intempéries de la prochaine saison cyclonique.
« C'est une situation complexe », a concédé le ministre des Tavaux publics. Plus les techniciens enlèvent les tonnes de boue, plus les rues sont encombrées par les amas de déchets retirés dans les maisons. Les flottes du CNE, explique le ministre, arrivent difficilement à fonctionner dans la ville depuis que la circulation a été reprise.
Port-au-Prince, aussi vulnérable
Les récentes pluies qui s'abattent sur la capitale haïtienne s'annoncent inquiétantes. Certaines rues de la zone métropolitaine sont encore jonchées de tonnes d'alluvions drainées par les eaux pluvieuses du week-end dernier. « La situation pourrait être pire, si nous n'avions pas démarré les travaux de curage avant les récentes festivités carnavalesques », a dit le ministre à des journalistes agressifs, outrés à la limite. A chaque zone inondée, il fallait que Jacques Gabriel trouve une explication.
A Clercine, limitrophe de l'aéroport international Toussaint Louverture, il faut, en effet, rouler en jeep pendant quelques minutes afin de traverser les quelques mètres d'un marécage. « Là-bas, c'est une situation particulière. Le canal qui traverse une partie du site de l'aéroport est obstrué et les eaux arrivent de Corail (NDLR : sur la route de Frères) », a conclu le ministre. « Fallait-il que les pluies s'abatîssent sur la ville pour que vous vous rendiez à l'évidence? », s'interroge un journaliste accrédité au Parlement.
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