NDCDP-Génie civil
Allocution de Mr Lionel DUVALSAINT
Un des problèmes majeurs rencontrés par les Entreprises de construction dans l’exécution des marchés est la carence de cadres techniques intermédiaires. Il existe en effet un grand vide entre l’ingénieur responsable des travaux et l’opérateur d’engins ou l’ouvrier ; bon nombre de ce personnel ayant reçu une formation sur le tas tout à fait inadéquate pour exécuter convenablement les travaux prévus aux marchés. Il n’est pas étonnant de voir un ingénieur-cadre sur le site, son niveau en main donnant des explications à un maçon ou indiquant à un opérateur de niveleuse comment orienter la lame de son appareil. Et, c’est avec un intérêt particulier que nous suivons l’effort déployé par certains organismes pour combler cette défaillance.
Ainsi, récemment, nous avions été présent à cette Foire des Métiers où des centaines de jeunes des deux sexes, ayant bénéficié d’un savoir-faire relevant, entre autres, du domaine de l’ingénierie (maçons, plombiers, ébénistes, électriciens…) ont fourni une démonstration fort convaincante de leur maitrise des nouvelles connaissances acquises. Et, sans hésitation aucune, nous avons recommandé aux Entreprises de l’Association d’utiliser ces nouvelles compétences dans le cadre de leurs activités de chantier.
Aujourd’hui, l’Association Haïtienne des Entreprises de Construction (AHEC), par mon organe, salue la ténacité du Président de la HAYTRAC puisqu’il inaugure finalement le lancement du Programme de Formation de conduite d’engins de chantier, dans ce Centre tant attendu par les Entrepreneurs de la construction.
En effet, à maintes reprises, lors de nos réunions mensuelles, des entrepreneurs nous ont fait part de leur mésaventure avec tel ou tel opérateur d’engins très peu qualifié, formé généralement à qui mieux mieux, ce qui occasionne souvent des malfaçons et/ou retards dans l’exécution de leurs travaux. A ce propos, plusieurs ateliers de travail ont été organisés avec les Représentants de la HAYTRAC en vue de trouver une solution à ces problèmes.
Désormais, avec la mise en fonctionnement du Centre de Formation Maurice Bonnefil, un vide certain vient d’être comblé. Cet enclos, où se dérouleront les activités de formation, va donc constituer un véritable creuset où des jeunes des deux sexes pourront finalement apprendre, de manière ordonnée, l’engin dont l’opération et le fonctionnement leur seront confiés. Il ne s’agira pas uniquement du pilotage de ce matériel mais également d’une connaissance parfaite de ses capacités (ce qu’il peut en faire et comment) et surtout de son cycle d’entretien.
En réalité, il s’agit là d’un domaine que j’ai personnellement expérimenté pour avoir élaboré les programmes et supervisé le fonctionnement du Centre de formation du Ministère des TPTC à la fin des années 1980. Cette entité, qui a rendu d’énormes services au Pays, est malheureusement inopérante actuellement.
Ainsi, est-il souhaitable que ces jeunes bénéficient également d’une formation, sommaire évidemment, sur la connaissance des matériaux routiers ; en d’autres termes un bon opérateur de niveleuse doit être en mesure d’identifier et même d’écarter, si besoin est, un matériau qui lui est livré pour l’exécution d’un corps de chaussée et un operateur de chargeur doit pouvoir sélectionner dans un banc d’emprunt le matériau approprié devant convenir à un usage précis. Il ne serait pas mauvais non plus que ce Centre procède également, dans un avenir pas trop lointain, à la formation de cette catégorie de personnel routier dénommé « terrassier », cet artisan qui s’assure de la bonne mise en place des matériaux routiers (tri, étalement, épuration…)
L’AHEC se considère d’ores et déjà comme le partenaire privilégie du Centre de formation Maurice Bonnefil, puisqu’il permettra à son personnel de terrain d’être mieux formé ou de se recycler, de se mettre à jour et qu’il constituera une pépinière sûre où ses entrepreneurs trouveront des opérateurs biens formés leur évitant ainsi retards et pertes dans l’exécution de leurs chantiers.
Ce Centre de formation arrive donc à point sonné, à un moment où une attention particulière est accordée à la réhabilitation de nos infrastructures routières. Les entreprises, une fois au travail, n’auront qu’à se tourner vers ces jeunes qui auront bénéficié d’une solide formation et d’une parfaite connaissance des engins de Génie civil.
Ainsi, au nom de l’AHEC, nous présentons toutes nos félicitations au Président de la HAYTRAC et à tous ceux qui l’ont accompagné dans ces démarches. Sa ténacité a sans doute permis que soit opérationnelle aujourd’hui ce centre de formation tant attendu. Nous formulons le vœu que ce Centre dédié à la formation de cadres intermédiaires pour l’industrie de la construction puisse survivre et aller au-delà de ce financement, sans doute temporaire, et qu’elle fasse partie désormais du système de formation technique et professionnel du Pays.
Lionel DUVALSAINT, ing.
Président de l’AHEC