Par Dr. Pierre Montès
Introduction.-
Au début de cette semaine qui s'achève, nous avons lu avec satisfaction des articles dans les médias qui rapportent que le gouvernement Martelly-Lamothe va lancer dans un avenir très proche de grands chantiers d'infrastructures [(1), (2)].
Il s'agit de projets urgents et importants.
Les lecteurs de ce blog savent que nous sommes pour le renforcement de l'administration centrale du Ministère des Travaux Publics (MTPTC), que nous sommes pour la déconcentration des activités du MTPTC vers les dix directions départementales, que nous sommes pour le renforcement, l'extension et l'entretien permanent du réseau routier national afin de désenclaver «le pays en dehors».
Il faudrait que la réalisation de ces projets d'infrastructures routières et celle de beaucoup d'autres projets du même genre par la suite, s'accompagnent du renforcement de l'administration centrale du MTPTC et la déconcentration vers les directions départementales.
Au cours de cette fin de cette semaine qui s'achève, nous avons appris que des représentants d'une grande firme d'ingénieurs québécoise se rendra en visite en Haïti. Les mêmes scénarios risquent de se répéter, c'est-à-dire que ces projets d'infrastructures routières seront supervisés par des firmes d'ingénieurs étrangères, seront exécutés par des entrepreneurs étrangers, laissant des miettes pour les firmes et entrepreneurs locaux et ne s'accompagnant d'aucun processus efficace de transfert de savoir ni de savoir-faire.
Il doit y avoir un manque d'ingénieurs haïtiens pouvant prendre part à ces projets. Mais il existe au moins quelques Écoles d'ingénieurs dans le pays, la Faculté des Sciences par exemple, dont les programmes pourraient être renforcés et contrôlés par la nouvelle institution prévue dans les amendements de la Constitution récemment publiés.
Il doit y avoir un manque d'opérateurs haïtiens d'engins lourds mécanisés pouvant prendre part à ces projets. Mais il y a l'initiative entreprise récemment par l'USAID et la Fondation Bonnefil dans la formation des opérateurs d'engins lourds. Il faudrait que cette formation se poursuive et s'intentifie pour mettre sur le marché un nombre suffisant d'opérateurs par année. (Voir la proposition no. 5 (P5) du rapport du GRAHN, page 196) (3).
Il y a lieu de renforcer la direction centrale du Laboratoire National du Bâtiment et des Travaux Publics (LNBTP), et, en même temps, déconcentrer le LNBTP vers les dix Directions dépatementales du MTPTC de manière que le LNBTP puisse participer activement et efficacement au contrôle de la qualité des projets d'infrastructures routières et de tous autres projets d'envergure. (Voir la Proposition no. 6 (P6) du rapport du GRAHN, page 196, et, l'énoncé de la Proposition no. 3-06, du rapport du GRAHN, page 529) (3).
Proposition Création de l'EMTGC.-
Mais il y a un corps de métier important qui n'existe pratiquement pas en Haïti. C'est celui des Techniciens du Génie Civil. En 2010, nous avions, au GRAHN, souligner cette carence et le rapport du GRAHN a retenu le projet de création d'une École Moyenne de Techniciens du Génie Civil (EMTGC). (Voir l'énoncé de la Proposition no. 3-06, du rapport du GRAHN (3), page 529) (3).
Pour pouvoir gérer effectivement le réseau routier sur l’ensemble des dix départements géographiques du pays et éviter à terme la disparition à brève échéance d’une partie importante du réseau, il y a lieu de former des techniciens du génie civil, un maillon manquant dans la chaîne de gestion de projets. C’est pourquoi LCDP-Génie Civil suggère fortement que soit créée dans les plus brefs délais et soit mise en opération aussitôt que possible cette École Moyenne de Techniciens du Génie Civil (EMTGC) pour alimenter en techniciens du génie civil qualifiés chacune des directions départementales et les entreprises privées de construction devant opérer dans le secteur routier et autres.
Le niveau des étudiants à
l’entrée sera celui de la classe de Seconde. Les élèves qui ont échoué aux examens du baccalauréat et qui se cherchent une autre issue pour s'accomplir dans la vie, trouveraient dans l'EMTGC une voie nouvelle et honorable pour se munir d'une formation technique convenable et pour pouvoir gagner ensuite leur vie honorablement en Haïti.
Nous estimons que la durée des études serait de deux
ans (quatre trimestres de 15 semaines chacun et deux stages pratiques).
L'aire des locaux nécessaires à la formation serait approximativement de 1700 mètres
carrés (estimation préliminaire).
L'EMTGC accueillerait chaque année une promotion de 50 élèves-techniciens. Donc à partir de la deuxième année de fonctionnement l'effectif de l'EMTGC serait de 100 élèves-techniciens.
On prévoit 35 heures de travail par semaine à l'École (Cours théoriques, Travaux Dirigées et Travaux Pratiques), soit quelque
455 heures par trimestre.
Il serait souhaitable que l'élève-technicien fasse toutes les activités de son apprentissage à l'EMTGC à l'intérieur des 35 heures d'études par semaine. Ainsi, il n'aurait pas à apporter du travail à faire hors-classe (à la maison), ce qui ne compromettrait pas ses heures de loisirs. Un tel type d'emploi du temps ne serait pas tout à fait nouveau, selon ce qui m'a été rapporté, il y a quelques années, par des collègues ingénieurs venant d'un pays de l'Europe de l'Est.
Nous proposons provisoirement au Tableau 1 ci-dessous une grille de cours et un cheminement (leur agencement dans le temps). Cependant, rien n'est coulé dans le béton: Le Tableau 1 pourrait être modifié et amélioré si c'était nécessaire. Il y a aussi l'analyse de chacun des cours qui serait à faire pour préciser le contenu exact de chacun d'eux, la manière dont les élèves seraient évalués, le choix des manuels techniques, etc.
Bien sûr, il y a beaucoup d'autres aspects de cette idée de projet à analyser en détail.
Nous faisons l'hypothèse que le corps enseignant de l'EMTGC pourrait être formé entièrement (ou presque) d'ingénieurs haïtiens évoluant déjà dans la profession en Haïti.
LCDP-Génie-Civil propse ici l'idée de projet. Il reste clair dans notre esprit que si cette idée était attrapée au bond, il faudrait alors que son étude complète soit menée à terme pour chiffrer convenablement son coût inital, son budget annuel de fonctionnement, et ensuite décider d'aller de l'avant ou non avec ce projet.
Nous, au Coin de Pierre-Génie Civil, nous croyons que ce projet est une nécessité pour Haïti à l'heure actuelle (4).
Voilà. L'idée est lancée.
Tableau 1 - Grille des cours et cheminement (préliminaires)
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- haitilibre.com, Haiti-Reconstruction: Grands chantiers d'infrastructures routières, lundi 9 juillet 2012
- metropolehaiti.com, Lamothe veut intensifier la réalisation des infrastructures routières, vendredi 6 juillet 2012
- Construction d'une Haïti nouvelle - Vision et contribution du GRAHN, Presses internationales Polytechnique, Samuel Pierre éditeur scientifique, 2010, 617 pages.
- À ceux qui seraient intéresser à aller de l'avant avec cette idée de projet, la meilleure manière de procéder serait de nous contacter par courriel à l'adresse permanente suivante: pierre.montes@polymtl.ca